ACTIVITÉS
Rencontre entre enseignant(e)s de français – 20.10.2023
Un moment de rencontre et de convivialité entre les enseignant(e)s de français du LN.
Lettre à la rédaction par Marie José Schaack – Wort du 14.08.2023
Le danger pour notre trilinguisme
Réaction à la lettre au lecteur de Monsieur Raymond Schaack (professeur E7 e.r.) <Déi lescht Dommheete virun de Walen> du 29 juillet 2023
Cher collègue,
j‘exerce depuis plus de trente ans le métier de professeure de français et je n’ai jamais pris le temps de décrire les failles de notre système scolaire dans la presse. En effet, j’ai consacré mon temps à mon métier et à l’éducation de mes enfants. Ecrire des lettres à la rédaction est, à l’évidence, un art dans lequel vous excellez depuis longtemps et qui continue à faire, à juste titre, votre réputation nationale. Avec tout le respect que je vous dois, j‘ai tout de même aujourd’hui quelques mots à vous écrire au sujet de l’alphabétisation en français, qui risquent de vous déplaire. Ayant enseigné avec passion à tous les niveaux dans les multiples sections du Lycée du Nord, un lycée classique et technique beaucoup moins prestigieux que certains établissements de notre capitale, j’ai constaté depuis belle lurette que les bonnes vieilles recettes ne fonctionnent plus auprès de nos élèves d’une cinquantaine de nations et d‘origines sociales très diverses qui reçoivent chaque année chez nous une formation de qualité. Nous pourrions bien sûr continuer à ignorer les changements sociétaux, pédagogiques et technologiques auxquels nous sommes tous confrontés. Faire comme s‘il était normal de ne pas accueillir en section classique les enfants portugais, belges, français, maghrébins, syriens et autres qui ont du mal avec l’alphabétisation en allemand. Mais cela reviendrait à ignorer les difficultés d‘au moins deux tiers de la population scolaire actuelle ! Sur le terrain, je constate toutefois de façon récurrente l’échec de nombreux élèves francophones (par ailleurs brillants) dans l’enseignement classique luxembourgeois. En général, ils ne passent pas le cap du cycle inférieur à cause du niveau très élevé des cours d’allemand et des soi-disant « Niewenfaecher », enseignés en luxembourgeois et évalués par la suite en allemand. Alors, je vous demande pourquoi un éminent professeur de français e.r. comme vous ne veut rien changer à ce système injuste ! Si c’est la précipitation du MEN avant l’échéance électorale, vous avez mille fois raison. Ignoreriez-vous la réalité des lycées loin de la capitale ? Vous n’êtes tout de même pas sans savoir que les étudiants luxembourgeois du centre sont aujourd’hui tout aussi médiocres en français qu’autrefois une partie des étudiants de derrière les fameuses planches qui séparent le Guttland du Nord ? Vous n’ignorez pas non plus que ces étudiants fuient actuellement eux aussi par tous les moyens le français, sa grammaire et sa littérature complexe, préfèrant de loin l’anglais, langue soi-disant plus facile, à la langue de Molière ? Le danger pour notre trilinguisme ne viendra donc certainement pas de l’alphabétisation en français des uns, mais de l’abandon du français par les autres. Diriez-vous : “Mir wëlle bleiwe wat mir sinn” ? Or ne rien changer, c’est ne rien risquer et au final tout perdre ! Le monde a changé, notre société a changé et nos étudiants ont changé ! Nous avons besoin de votre précieuse expérience, de votre clairvoyance, mais nous pouvons nous passer de votre nostalgie stérile, et surtout de votre mépris pour les jeunes instituteurs, qui sont, tout compte fait, les fruits de notre enseignement. Avons-nous donc le droit de nous pavaner le torse bombé et de cracher sur la jeune génération ? J’en doute, même si nous n’avons pas pu empêcher le cours du temps.
Respectueusement,
Schaack Marie José, professeure E7, Nocher
PRÉSENTATION
George Sand
George Sand – José Schaack
Aurore Dupin (1804-1876), connue sous le pseudonyme de « George Sand », est une figure centrale de la littérature française du 19e siècle. Elle est et reste un modèle pour moi, une artiste exemplaire et une femme extraordinaire, qui a fait du progrès, de l’égalité et de la liberté son crédo. George Sand elle-même a réussi à se libérer de toutes les contraintes sociales, morales et religieuses imposées par la société à une époque où les femmes étaient avant tout destinées à devenir de bonnes épouses et des mères de famille respectables. Plus que ses oeuvres littéraires, j’admire la façon dont elle a décidé de prendre sa vie en main et de vivre ses passions en toute liberté. Elle ne s’est pas laissée dévier sur sa trajectoire d’écrivaine, ni par son premier mari, ni par ses amants aussi célèbres et doués fussent-ils. Avec Alfred de Musset et Chopin, elle a mené une vie d’héroïne romantique avant de se libérer de l’emprise de ces amants par trop possessifs. A partir des années 1840, elle a pris part aux débats politiques et s’est distinguée par ses activités journalistiques en faveur de l’idéal républicain.
Voici quelques-unes de ses oeuvres les plus connues :
Indiana , Pauline, La Marquise ( 1832), La mare au diable, La petite Fadette, François le Champi, Les maîtres Sonneurs (1848) – romans champêtres et utopies politiques ;
Histoire de ma vie, La confession d’une jeune fille – autobiographies (1852) ;
Le Marquis de Villmer – pièce de théâtre
José Schaack
Madame Bovary
Madame Bovary (Gustave Flaubert) – Jelena Spica
«Pourfendeur de la médiocrité et de la bêtise, le romancier Gustave Flaubert reste une figure à part de la littérature française du XIXe siècle. Son héroïne Madame Bovary a donné son nom au comportement qui consiste à fuir dans le rêve l’insatisfaction éprouvée dans la vie : le bovarysme.
L’écriture, pour Gustave Flaubert, est le fruit d’une enquête minutieuse et d’un labeur acharné. Maître malgré lui du mouvement réaliste et inspirateur des naturalistes, il suscitera l’admiration de Proust, l’intérêt de Sartre et influencera jusqu’au nouveau roman.»
(Source: http://www.larousse.fr)
Touche personnelle :
Emma Bovary est une jeune femme «jolie et charmante, ardente et rêveuse, aux yeux bruns, et cheveux noirs lisses». Elle est différente des autres de son époque!
Jelena Spica
Georges Simenon
Georges Simenon – Dirk Alt
Né à Liège en 1903, dans ma ville universitaire, Georges Simenon entamera une carrière littéraire remarquable. Journaliste à 16 ans, auteur du premier roman à 18 ans, le jeune Simenon décide de quitter la Belgique fin 1922 pour vivre à Paris. Au fil des années, il rédige des dizaines de romans, avant tout policiers, et son fameux commissaire Maigret reste mondialement connu jusqu’à nos jours. Dans les années 50, il est l’écrivain de langue française le plus traduit au niveau mondial. Il visitera de nombreux pays pour ne citer que la Turquie, l’Allemagne, les Etats-Unis ou la Suisse. Mais jamais ce célèbre personnage liégeois n’oubliera sa ville natale et sa Belgique qu’il aime tant. De même, il ne faudra ignorer sa passion pour les femmes au fil de sa vie tourmentée. Il parlera de « 10 000 femmes en tout dont 8000 professionnelles » … la plus célèbre étant sans doute la jeune Joséphine Baker, une danseuse noire de 19 ans aux Folies Bergères. La romance ne dura que deux ans entre 1925 et 1927. Simenon meurt en 1989, âgé de 88 ans. Il aura battu son record personnel, car il reste 8 ans sans ne plus rien écrire.
En effet, il aura écrit 230 romans dont 63 adaptations cinématographiques. Quelle proportion remarquable!
Merci Georges.
Touche personnelle :
En 2007-2008, j’ai accompagné les 19 élèves de ma classe de 5CM1 dans la ville de Liège sur les traces de l’écrivain Simenon. Cette visite des quartiers, maisons et écoles de Georges était à l’origine d’une vaste création romanesque. En effet, en été 2008, nous avons publié le roman collectif «Les 179 marches» tout en nous inspirant des thèmes de l’écrivain policier. Une belle aventure …
Dirk Alt
Colomba
Colomba (Prosper Mérimée) – Anne Calteux
Un roman daté de 1840 dans lequel se mêlent l’amour, la haine, l’adrénaline et le suspense. Mérimée peint la Corse d’autrefois et met en scène la vendetta de Colomba qui a juré la mort des Barricini afin de venger son père. Rusée et farouche, elle conduira son frère Orso della Rebbia, jeune lieutenant cultivé à commettre malgré lui l’irréparable.
«Balle chaude ou fer froid ! En Corse lorsqu´on a un ennemi, il faut choisir entre les 3 S, Schiopetto, Stiletto, Strada. Le fusil, le stylet ou la fuite!»
Touche personnelle :
Colomba : féministe avant l´heure ou archaïque fanatisée?
Jusqu’où va le culte de la famille et en vaut-il la peine ? Une culture profondément différente de la nôtre qui fascine et effraye en même temps.
Anne Calteux
Arhur Rimbaud
Arhur Rimbaud – Marc Kaufmann
Je crois en toi ! Je crois en toi ! Divine mère,
Aphrodite marine ! – Oh ! la route est amère
Depuis que l’autre Dieu nous attelle à sa croix ;
Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c’est en toi que je crois !
…
Le grand ciel est ouvert ! les mystères sont morts
Devant l’Homme, debout, qui croise ses bras forts
Dans l’immense splendeur de la riche nature !
Il chante… et le bois chante, et le fleuve murmure
Un chant plein de bonheur qui monte vers le jour !…
– C’est la Rédemption ! c’est l’amour ! c’est l’amour !…
(Soleil et chair)
Ces beaux vers adressés à Vénus, qui créent la vision d’un monde renouvelé où l’Homme serait fort, indépendant et délivré de toute crainte religieuse, Arthur Rimbaud (1854-1891) les écrit à seulement 16 ans. Il vit alors à Charleville (aujourd’hui Charleville-Mézières), sa ville natale, qui se trouve dans les Ardennes à seulement 120 km de Wiltz. L’énergie qui se dégage de ces vers et qui prendra plus tard la forme d’une véritable rage, est absolument fascinante chez ce poète. Rimbaud rejette tout ce qui, dans la vie, est faux, conventionnel, assujettissant : les contraintes imposées par la religion, la médiocrité de la société bourgeoise, les aveuglements des relations humaines. Il cherche toujours à aller plus loin afin de changer fondamentalement l’existence humaine. La poésie devient chez lui un véritable outil de connaissance : le poète se fait « voyant » et doit explorer « l’inconnu » pour offrir des visions plus véridiques de la réalité.
Et puis, comment ne pas être fasciné par la vie de ce jeune homme (il meurt en effet à 37 ans seulement, d’une tumeur au genou), une vie indissociable de sa poésie : enfant prodige au collège, brillant latiniste (il savait composer 60 vers latins impeccables en une heure), il déserte l’école à seulement 17 ans pour devenir poète. Il fréquente quelque temps les cercles poétiques les plus modernes à Paris, se lance dans une aventure amoureuse turbulente avec le poète Verlaine, avec lequel il s’enfuit à Bruxelles, à Londres, avant de se brouiller avec lui pour de bon. À 20 ans, il abandonne définitivement la poésie et se met à parcourir le monde : il est soldat, négociant, explorateur (en Éthiopie notamment). Pendant les quelques années de son activité poétique, il a composé des textes qui ont totalement révolutionné la poésie (Le Bateau ivre, Une saison en enfer, Illuminations, …).
Marc Kaufmann
Pierre Ronsard
Pierre Ronsard (1524 – 1585) – Jeannot Nehrenhausen
Chef de file et poète le plus éminent du groupe de la Pléiade, poète officiel du roi, prince des poètes, Ronsard est aussi le premier poète français moderne. Figure de proue de l’humanisme français, il puise les principes de sa philosophie dans la culture de l’Antiquité classique. Ronsard participe à l’avènement d’une mentalité nouvelle, ouverte et progressiste, qui va marquer profondément le 16e siècle. Il rompt avec le passé en substituant au memento mori, devise du moyen âge, le memento vivere de la Renaissance. Dans sa poésie, il s’interroge constamment sur le sens de l’existence en abordant des questions éternellement humaines, qui sont aussi les thèmes traditionnels de la sagesse antique : la fuite du temps, la brièveté de la vie, la fragilité de toute chose, la finitude de l’homme. Conscient que la mort met un terme irréversible à la vie humaine, il exhorte ses contemporains à profiter au maximum de leur existence et à rechercher de façon raisonnée les jouissances qu’elle peut offrir.
Sa poésie est une invitation à croquer la vie à belles dents, suivant le précepte de base de l’épicurisme antique : Carpe diem. Or, cueillir le jour, ce n’est pas s’adonner à un plaisir excessif et incontrôlé, mais c’est jouir de la vie comme si on cueillait et croquait une pomme juteuse ou bien comme si on laissait une praline fondre lentement dans sa bouche. Cultiver les aspects jouissifs de la vie, c’est donc pratiquer un hédonisme pondéré, c’est goûter un plaisir modéré, c’est se délecter de la vie en procédant comme si on savourait un bon repas, dégustait un bon vin ou humait une belle fleur. Ainsi, la pensée ronsardienne illustre à merveille la douceur de vivre typiquement française.
Ronsard cultive avec succès le sonnet pétrarquiste et l’ode, des genres fort en vogue à la Renaissance. Ses poèmes abondent en références à la mythologie antique. A côté de ses oeuvres lyriques et méditatives, Ronsard a aussi écrit des textes engagés. Il y prend position face à la profonde crise morale et politique de son temps, en condamnant notamment les excès intolérables des guerres de religion.
Touche personnelle :
En ayant choisi Ronsard comme personnage à incarner, j’ai cherché à retrouver à travers lui un peu de cette prédilection que j’éprouve pour la Renaissance, avec sa culture, sa mentalité, sa philosophie et sa poésie humanistes. Mais j’apprécie Ronsard plus particulièrement encore pour une autre raison. Lorsqu’on fixe son choix sur un personnage, on retrouve en lui souvent un peu de soi-même. Ainsi, Ronsard a passé toute son enfance au milieu de la nature et il est resté solidement enraciné dans sa terre natale dont il célèbre les divers aspects comme la rivière Loir, la fontaine Bellerie ou la forêt de Gâtine, toutes proches de sa demeure familiale. Il a chanté la nature et peut être considéré comme un écologiste avant la lettre.
Ce qui me rapproche encore de Ronsard, c’est l’attrait que j’éprouve pour la Vallée de la Loire avec ses beaux châteaux en pierre blanche, nichés dans de riants paysages de rivière. Parmi ceux-ci, il y a la Possonnière, lieu de naissance du poète. J’ai la chance de pouvoir effectuer plus ou moins régulièrement des séjours dans un château de la Loire qui appartient à un de mes amis. Ainsi, moyennant un petit détour, il m’arrive souvent de faire à la même occasion une visite du manoir natal de Ronsard. A son retour d’Italie, le père de Ronsard l’avait érigé (1515), peu d’années avant la naissance du futur poète (1524). Différentes façades sont ornées de belles statues ainsi que d’inscriptions françaises et latines. Cette gentilhommière est une des premières demeures de France sur lesquelles on retrouve l’influence de la Renaissance italienne. Dommage que ne s’y trouve pas une de mes devises favorites, qui correspond exactement à la philosophie ronsardienne : Male vivunt qui se semper victuros putant (Ceux-là vivent mal qui croient vivre éternellement).
Jeannot Nehrenhausen
Photo 1:
Le château familial des Ronsard, dans le petit village de Couture-sur-Loir, dans l’arrondissement de Vendôme. Vue prise de la cour intérieure.
Photo 2:
Le manoir de la Possonnière avec son parc dégage un charme discret et subtil. Noyé dans un cadre de verdure, où domine un jardin de roses, il est plongé dans une ambiance intimiste, qui n’a rien du genre tapageur de certains grands châteaux de la Loire. La Possonnière se trouve dans le canton de Montoire-sur-le-Loir, près de Vendôme (à 30 km), dans le département du Loir-et-Cher, dont la capitale est Blois (à 60 km). Précisons que le Loir (317 km) est une rivière, un sous-affluent de la Loire, qui est un fleuve (1.012 km).
Photo 3:
Dans la roseraie du château de Ronsard.